LA REGLE

Publié le par christian BELLOC

Le mot règle à plusieurs définitions : Instrument à tirer des lignes droites ou mesurer des longueurs. Ensemble de préceptes ou de commandements. Principe de conduite. Caractère de ce qui est habituel à une situation donnée. L’imbrication des définitions est telle que nous pouvons nous poser la question : est ce l’objet qui à fait le mot ou le mot qui a été donné à l’objet . La règle est un guide. Guide matériel qui permet de tracer des droites ou guide moral (règle de conduite). Dans la franc maçonnerie, elle est aussi appelée jauge de 24 pouces. Le chiffre 24 rappelle la division du temps, du cycle solaire quotidien. La vie est bardée de règle. Le fait de vivre en société implique que des règles existent pour régir et organiser le fonctionnement de tous les jours. Règles de procédure, règles juridiques, règles internationales, règles statutaires et bien d’autres. Un verbe précède souvent le mot règle : édicter une règle, fixer une règle, adopter une règle, appliquer une règle, suivre une règle, respecter la règle, manquer à la règle, etc. L’environnement de ce mot est vaste et il peut dire, faire dire ou faire croire beaucoup de chose. Alors que la règle est là pour régir ou encadrer. La règle est aussi une prescription d’ordre moral ou une pratique relative au domaine social, juridique, administratif, idéologique, religieux… Même sans règle écrite, la nature ayant horreur du vide, les hommes ont créé les us et coutumes qui sont une forme de règles locales. Les hommes ont toujours recherché un encadrement car il ne peut y avoir de vie sociétale sans règle. Mais la définition de base reste l’objet lui même. En fait, la forme de cet objet et son utilité, donne une signification à ce mot qui reste ancrée dans tous les esprits. Dés que le mot règle est utilisé une référence est signalée. La forme de l’objet et ses graduations sont révélatrices, que les graduations représentent une unité de mesure ou de temps. Cet instrument qui permet de tirer des lignes droites et de mesurer, est l’outil indispensable pour la réalisation de plans mais aussi dans la réalisation des travaux conformément aux plans et aux contrôles desdits travaux. C’est l’outil indispensable de l’architecte, du maitre d’œuvre, du maçon, du charpentier et de bien d’autres compagnons. C’est un outil de mesure et de précision à toute construction. Cet outil autonome se suffit à lui même. Il n’a pas besoin d’être associé à un autre outil (tel le ciseau qui a besoin du marteau) pour être utilisé. La règle est même l’outil indispensable de contrôle pour les autres outils comme le compas, le levier ou l’équerre. Prendre les mesures, tracer les plans, réaliser les travaux, la règle est l’objet incontournable. Elle est donc présente du début à la fin des travaux. Une règle est une référence à une même longueur, ou une même graduation. C’est l’étalon. Certes, il y a différentes références potentielles dans les mesures mais toutes ont la même valeur quantitative. Que l’on parle de coudées, de pieds, de pouces, de mètres, centimètres. L’outil est nécessaire à la mesure physique. Symboliquement, la règle représente la direction. La voie ou le chemin à suivre. Pour avancer, ce chemin sera balisé de règles à respecter. Ceci étant, chacun peut suivre son propre chemin, établir ses propres règles. Chacun peut donc se fixer ses propres limites qui peuvent être plus dures ou plus pointues ou plus laxistes que celles fixées par l’autorité à laquelle il appartient, que cette autorité soit locale, étatique, philosophique ou religieuse. La règle sert à tracer la voie, elle fait référence à la méthode. Elle est là pour structurer la pensée. Si elle représente l’ordre, l’encadrement, elle symbolise aussi la rectitude, la droiture morale. Cette droiture morale, qui doit être en nous et nous permettre de nous recentrer en allant à l’essentiel. Symboliquement, cette règle nous montre le chemin le plus court, chemin qui n’est pas tortueux, qui est la ligne droite tracée par la règle. Si nous suivons la règle, c’est que nous l’acceptons. C’est une acceptation morale. C’est une acceptation consentie. Parfois cette acceptation morale peut être forcée. L’éducation que chacun reçoit n’est elle pas une acceptation forcée? La question se pose. La liberté n’est pas présente pendant ces premières années éducatives. Nous ne sommes pas dans le subliminal. Il y a un encadrement, des limites à ne pas dépasser. Les règles imposées par la vie en société, sont plus ou moins dures à accepter. L’environnement et l’éducation reçue ont une influence sur notre propre acceptation. L’enseignement transmis a t il été à la hauteur du but à atteindre ? Les parents, les enseignants, les tuteurs ont ils correctement transmis et éduquer suffisamment ? Faire comprendre et transmettre aux plus jeunes qu’il y a des règles à suivre pour la vie en société n’est pas si facile et demande beaucoup de ténacité. De même, tout homme n’est il pas enclin à transgresser les règles ? N’est il pas nécessaire d’avoir un rappel à l’ordre régulier dans la vie de tout les jours ? D’où la difficulté de transmettre aux plus jeunes les règles de la vie en société. Puis la règle elle même est parfois difficile à comprendre ou à appliquer. Faut il soit même avoir pris connaissance et surtout avoir compris la règle pour pouvoir l’appliquer ou avoir la prétention de la transmettre. Tous les hommes ne sont pas forcément capables de suivre et comprendre la règle. En fait, pour faire évoluer notre monde faut il que l’éducation et l’enseignement fussent de qualité et que les jeunes pousses soient capables de comprendre et d’assimiler. Comment la règle est elle acceptée en tant que règle ? D’ou vient elle ? quelles sont ses origines ? La réponse est complexe car c’est un mixte d’histoire, d’éducation, d’écoute, d’acceptation. La règle est un guide, qui doit permettre d’avancer et de se perfectionner. Ne parle t-on pas de règles de vie ? Suivre la règle implique une acceptation. Une obéissance à un ordre. On reconnaît à la règle quelque chose de juste pour pouvoir évoluer ensemble. Nous reconnaissons qu’il ne peut y avoir de vie en société sans un encadrement. Il y a un sens de la continuité d’un chemin à suivre, qui est tortueux car rien n’est simple, mais qu’il faut encadrer. Chemin tortueux qui n’est donc pas parfait et qu’il faut faire évoluer constamment. La règle non graduée symbolise l’infini. Le voyage vers l’infini. Si l’on parle d’infini, c’est que le travail est et sera sans limite pour le franc maçon. Dans ce sens, son utilité n’est pas à la mesure, mais au tracé. Ce tracé nous donne donc la ligne directrice. Ligne qui s’étend vers l’infini. Le voyage d’un franc maçon est donc sans fin. Ce travail que chaque franc maçon entreprend en venant en loge est certainement sans fin. Il suffit de rappeler les termes énoncés dans le livret de l’apprenti « La Franc-maçonnerie travaille à l’amélioration matérielle et morale, au perfectionnement intellectuel et social de l’humanité ». Amélioration et perfectionnement, deux synonymes qui intrinsèquement n’induisent aucune fin. Tout est dit dans cette phrase, la fin n’existe pas. De par son caractère infini, elle symbolise l’atemporalité (ce qui est en marge du temps) et l’étendue du travail d’un franc-maçon. Le travail c’est la recherche de l’amélioration et du perfectionnement de soi même et de l’humanité. L’amélioration matérielle, morale et sociale au bien de l’humanité : vaste chantier. Nous comprenons aisément que cet objectif est infini. Il y a un chemin à suivre ou des chemins à suivre ; c’est un travail de tous les jours guidé par les règles. Dans la franc maçonnerie, la règle c’est d’abord l’éducation au rite et au rituel, à la recherche de soi. La règle est le complément du rite et du rituel, ou plutôt l’élément indispensable aux rite et rituel. C’est bien au travers des règles observées du rite et du rituel, que le franc maçon par le travail sera dans la recherche perpétuelle d’une ascension lui permettant d’évoluer vers le perfectionnement de son âme, de sa recherche intérieure, du regard sur les autres, et de l’aide (à son niveau) qu’il peut apporter aux autres. Souhaiter apporter sa propre pierre à un monde meilleur est une idée prétentieuse, grain de poussière que nous sommes. Mais quelle idée généreuse et ambitieuse. Avoir cette ambition nécessite certainement un travail sur soi et être humble. Le rite et le rituel doivent nous permettre, de nous amener à nous dépasser. Puis dans la mesure de ses propres capacités il faudra transmettre la règle et convaincre. La règle doit être simple et concise. Elle doit inspirer la conduite que chacun doit avoir. La règle ne rentre pas dans le détail, elle donne la ligne à suivre. A chacun d’aller au fond des choses, d’ouvrir son cœur. C’est certainement par la recherche intérieure que l’on avance sur le chemin. La règle n’est jamais parfaite et même si elle l’était pourrait elle le rester ? Certainement pas. Grâce aux hommes, nos sociétés évolues. Les règles doivent évoluer pour ne pas devenir obsolète. Alors c’est la réforme. Le droit acquis existe t il ? La question reste ouverte. Mais certaines règles sont universelles et resteront immuables. Liberté, Egalité, Fraternité. Mots que nous connaissons bien dans la franc maçonnerie mais qui malheureusement ne sont pas présents sur l’ensemble de notre planète. La règle est un mot qui semble simple mais qui est en réalité extrêmement complexe par sa capacité à ouvrir tant de portes. Sans règle, il n’y a pas de référence, pas d’organisation, pas d’ordre établi donc pas de vie en société et pas d’évolution possible. Questions : Comment exprimer que la règle mesure le travail réalisé ? Si la règle mesure notre travail alors elle mesure qui nous sommes. Au cœur de notre loge, j’aspire à ressentir jour après jour, un travail accompli, ce qui me permettra d’être heureux parmi mes frères et connaître le bonheur d’être franc maçon. C’est grâce aussi aux frères qui nous entourent que nous pouvons progresser. L’émulation est due à la confrontation, confrontation des idées et des règles. Pour moi la règle, c’est nous, c’est l’homme. C’est un ensemble d’éducation, de formation, de référence, de recherche. Chaque homme se forge fonction de son environnement familial et professionnel, mais aussi par sa propre volonté de recherche et de perfectionnement. Chacun se fixe ses règles et ses buts à atteindre. La droiture de l’homme au propre et au figuré représente la personne. Cette ligne droite représente la rigueur, la précision, la justesse d’un comportement ou d’une conduite au quotidien qui se veut irréprochable. A la question : Etes vous franc-maçon ? », je réponds « Mes frères me reconnaissent comme tel ». Par cette réponse, je sous-entends que mes frères me jugent. Ils jugent que je suis sur la bonne voie, que je suis la règle. Enfin, je dirai que la règle en tant que mesure renvoie à la proportion et la nuance. Mesurer, doser, tempérer permet d’apaiser les conflits et d’être indulgent. La règle sur le sautoir de l’expert symbolise le suivi du rite et rituel dans toute sa rectitude mais aussi elle symbolise peut être au travers de la graduation de la règle la mesure dont doit faire preuve notre expert envers ses frères apprentis.
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